Souliers de satin
from Madame Bovary
L
A
JOURNÉE
FUT
LONGUE,
L
A
JOURNÉE
FUT
LONGUE,
lelendemain!
Ellese promena
danssonjardinet,
passantetrevenant
parlesmêmesallées,
s’arrêtantdevantlesplates-bandes,
devantl’espalier,
devantlecurédeplâtre,
considérantavecébahissement
toutesceschoses
d’autrefoisqu’elleconnaissait
sibien.
Commelebaldéjà
luisemblaitloin!
Quidoncécartait,
àtantdedistance,
lematind’avant-hieret
lesoird’aujourd’hui?
Sonvoyageà
laVaubyessard
avait fait
untrou
danssavie,
àlamanière
decesgrandescrevasses
qu’unorage,
enuneseulenuit,
creusequelquefois
danslesmontagnes.
Ellese résignapourtant;
elleserrapieusement
danslacommode
sabelletoilette
etjusqu’à
sessouliersdesatin,
dontlasemelle
s’étaitjaunie
àlacireglissante
duparquet.
Soncoeurétait
commeeux:
aufrottement
delarichesse,
ils’était placé
dessusquelque chose
quine s’effacerait pas.
Cefutdonc
uneoccupationpourEmma
quelesouvenir
decebal.
Touteslesfois
querevenaitlemercredi,
ellese disait
ens’éveillant:
« Ah !
ilyahuitjours...
ilyaquinzejours...,
ilyatroissemaines,
j’yétais ! »
Etpeuàpeu,
lesphysionomiesse confondirent
danssamémoire,
elleoublial’air
descontredanses,
ellene vit plus
sinettement
leslivréeset
lesappartements;
quelquesdétails
s’en allèrent;
maisleregret
luiresta.
Text
Gustave Flaubert, Madame Bovary.
Michel Lévy Frères, 1857: 80 - 81.
Revue de Paris (serial), 1856
Image
Jean-Baptiste-Camille Corot, Forêt de Fontainebleau (detail), 1834.
National Gallery of Art, Washington, D.C.
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